La psychothérapie : une définition
Qu’est-ce qu’une psychothérapie, et qu’est-ce qu’un patient qui vient consulter pour une souffrance singulière peut s’attendre à trouver ?
La psychothérapie, de manière générale, est une relation dans laquelle une personne sollicite l’aide d’une autre. Cette relation implique une personne et ses préoccupations pour un sujet particulier, une souffrance, un questionnement, et un professionnel formé à l’écoute et aux techniques psychothérapeutiques.
La psychothérapie est donc principalement un moment de rencontre, plus ou moins long, qui vise un changement, un nouvel équilibre interne, personnel, en direction d’un « mieux-être ».
Néanmoins, il existe plusieurs formes de psychothérapies, et toutes avec un fonctionnement et une philosophie qui leur sont propres. Pour ma part, je pratique la psychothérapie inscrite dans le champ psychanalytique. Voici quelques éléments qui permettent de comprendre cette approche.
Qu’est-ce qu’une psychothérapie psychanalytique ?
Je reprendrais ici les critères très éclairants de Jonathan Shedler, publiés dans un article en 2010, qui définissent les spécificités l’approche psychodynamique/psychanalytique, dans laquelle je m’inscris également :
1. Interêt porté à la vie émotionnelle
Le psychologue est amené à s’intéresser aux affects et à la vie émotionnelle du patient. Le psychologue aide à mettre des mots sur les sentiments, qu’ils soient troublants, effrayants, contradictoires, mais également sur ceux qui peuvent ne pas être reconnus ou identifiés.
2. Repérer les évitements
Le psychologue s’intéresse aux « évitements ». Il s’intéresse à la manière dont le patient évite ou dénie certains aspects de son existence (éviter certains lieux, certaines relations, certains échanges). Le psychologue se focalise aussi sur le cheminement qui conduit à l’évitement, sur la manière dont les choses sont évitées. Le but est de permettre au patient de se saisir pleinement sa propre expérience, de s’affranchir de l’emprise des stratégies d’évitement.
3. Identifier les thèmes récurrents
Le psychologue tente d’identifier les thèmes récurrents dans le discours du patient. Il cherche à repérer les schémas, scénarios, thèmes qui reviennent de manière récurrente (et qui passent souvent inaperçus) dans les histoires racontées par le patient. Le but est de permettre au patient de prendre conscience des phénomènes qui le traversent parfois à son insu, de repérer ce qui se reproduit souvent de la même manière, et ainsi de se sentir plus libre et pleinement acteur de sa vie.
4. Importance des expériences du passé
Le psychologue s’intéresse aux expériences du passé. Il cherche à contextualiser les difficultés du présent à l’échelle de l’histoire plus globale du patient. Ces expériences passées peuvent éclairer les difficultés actuelles, permettre de les comprendre, de comprendre pourquoi le patient vit ou éprouve les choses de cette manière aujourd’hui. L’objectif est de repérer les effets négatifs du passé qui continuent d’avoir un impact sur la manière dont le patient mène sa vie actuelle, pour tenter de s’en affranchir.
5. Les relations interpersonnelles
Le psychologue s’intéresse aux relations interpersonnelles. Les choses qu’on éprouve dans une relation forgent la manière dont on se perçoit, et dont on perçoit l’autre. Notre propre vie émotionnelle nait de nos relations avec les autres. En comprenant comment fonctionnent nos relations, il est possible de mieux comprendre notre propre fonctionnement, et ainsi de mieux identifier les relations qui se répètent, et pourquoi elles se répètent.
6. La relation thérapeutique
Le psychologue s’intéresse également à la relation thérapeutique, à ce qu’il se passe dans la rencontre entre psychologue et patient. Puisque certains thèmes, schémas et relations ont tendance à se répéter, ils se retrouvent parfois également dans la relation thérapeutique. S’ils émergent dans ce contexte, ils peuvent être repérés, explorés, et travaillés directement. La relation thérapeutique ouvre une fenêtre directe sur les préoccupations et difficultés du patient.
7. La vie imaginaire
Enfin, le psychologue explore la vie interne, imaginaire. En psychothérapie, chaque sujet que le patient désire aborder est un sujet de discussion intéressant. Rien n’est exclu de la discussion. Le patient est encouragé à dire tout ce qui lui passe par la tête. Rien dans la vie interne ne peut être exclu à l’avance, car ce sont tous ces éléments qui permettent de se comprendre plus pleinement.
En conclusion
Le but de la psychothérapie n’est donc pas seulement d’apaiser les symptômes, mais également de se connaitre mieux, car cela nous permet de vivre une meilleure relation avec nous-mêmes et avec les autres, et ainsi de développer des ressources qui nous seront utiles à plus long terme.
Afin de synthétiser tous ces éléments, je propose de m’inspirer d’un article de Guénaël Visentini, Adrien Blanc et Laurie Laufer (2020) : L’approche psychothérapeutique psychanalytique permet au patient de prendre le temps, mais aussi la liberté d’explorer ce qui l’organise et l’anime intérieurement, dans les échanges avec le psychologue. Le patient évoque ses idées, ses désirs, ses craintes au psychologue, et reçoit un retour, une interprétation extérieure de la part de ce dernier.
C’est ce retour, ce commentaire venant d’autrui qui produit des effets thérapeutiques et permet au patient de reconsidérer de se réapproprier sa propre expérience.
Sources
Jonathan Shedler, The efficacy of psychodynamic psychotherapy, article publié dans le journal de l’association américaine de psychologie, en 2010
Guénaël Visentini, Adrien Blanc, Laurie Laufer, Psychanalyse et évaluation: pour un modèle stratifié centré sur l’unicité du cas, article publié dans la revue Bulletin de psychologie, en 2020.